Pervers narcissiques: comment se protéger d’un manipulateur?

Pervers narcissiques: comment se protéger d’un manipulateur?

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Sept pistes pour apprendre à reconnaître un pervers narcissique et résister à son harcèlement.

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Le scénario est sensiblement toujours le même. Au départ, le pervers narcissique se pare de ses plus beaux atours. Il impressionne, amuse, séduit. Puis, insidieusement, viennent les premières attaques, jamais frontales. Réflexions et vexations se multiplient, jusqu’à convaincre la victime qu’elle mérite ce qui lui arrive. Difficile alors de sortir de ses griffes tant le mécanisme est rodé.

>>> Lire également notre article “Les pervers narcissiques en dix questions”

Ce cauchemar, Alice l’a vécu avec son ex-mari. “J’avais 22 ans quand je l’ai rencontré, 35 quand je l’ai quitté, après des années à penser que j’étais le problème, responsable de tous les dysfonctionnements.” Cécile, quant à elle, a croisé son bourreau au travail: “Il était mon chef et je l’admirais. Mais je n’étais jamais assez rapide, jamais assez performante. Il avait cette façon de me donner un ordre puis d’en changer au dernier moment.” Tout ça bien sûr sans jamais laisser de traces écrites. “Sans mon mari qui m’a poussée à démissionner, je crois qu’il aurait eu ma peau.”

Si Alice et Cécile sont parvenues à mettre fin à ce harcèlement et à se reconstruire, il est souvent difficile de trouver des parades pour se protéger des pervers narcissiques. Christel Petitcollin, conseil et formatrice en développement personnel (1) est d’ailleurs formelle: “Les perspectives d’avoir à terme une relation normale avec un manipulateur sont nulles. Un pervers ne souhaite pas changer. Il n’y trouverait aucun intérêt, puisqu’il tire une véritable jouissance de la destruction d’autrui.”

Voici toutefois sept pistes pour limiter les dégâts.

1 – Prendre conscience de la situation

La première chose à faire, pour Isabelle Nazare-Aga (2), thérapeute comportementale et cognitive, consiste à s’assurer que l’on est bien face à un pervers narcissique ou manipulateur, les deux appellations recouvrant la même réalité. Mettre un nom sur ce qui se passe permet de comprendre que l’on n’est pas en cause et d’organiser la riposte. Isabelle Nazare-Aga a dressé une liste de trente critères. “Il y a par exemple le fait que l’on parle beaucoup de lui lorsqu’il n’est pas là. Qu’il ne parle pas clairement. Qu’il nous culpabilise, qu’il fait courir des rumeurs ou encore sème la zizanie. Qu’il ne s’avoue jamais responsable.”

2 – Faire croire à l’indifférence

“Il s’agit de montrer que l’autre n’a pas le pouvoir qu’il s’arroge. C’est extrêmement difficile les premiers temps parce que l’emprise est réelle. Mais en gardant à l’esprit cette petite voix intérieure qui nous intime de ne pas avoir peur, on finit par en effet avoir moins peur”, explique Isabelle Nazare-Aga. L’idée est de refuser d’offrir au pervers ses émotions sur un plateau, parce qu’il s’en nourrit, ajoute Christel Petitcollin. “Le jour où j’ai vraiment réussi à lui montrer que ses remarques -l’air de rien- sur mon physique ou son dénigrement permanent ne m’atteignait pas, elle s’est calmée”, confirme Loïc, à propos de sa belle-mère “qui a failli ruiner” son mariage.

3 – S’en tenir aux faits

Lorsque l’on est sous l’emprise d’un manipulateur, difficile de faire la part du vrai et du faux tant il nous déstabilise. Nous a-t-il réellement dit cela, l’avons-nous rêvé, devions-nous accomplir cette tâche ou une autre ? “La seule façon de le contrer est de noter systématiquement tout ce qui a été promis ou dit”, recommande Christel Petitcolin. “Cela permet de garder des traces et de se couvrir.” Par exemple, dans le cadre professionnel, lorsqu’un ordre est donné dans un couloir, ne pas hésiter, une fois à son bureau, à le reformuler par écrit dans un mail: “Conformément à notre conversation, je vous confirme avoir compris que vous souhaitiez, etc.” Idem dans un contexte plus personnel. Garder les lettres ou messages d’insultes, consigner les mails ou les SMS.

4 – Demander de l’aide, mais pas à n’importe qui

“Il faut s’arranger très vite pour que l’entourage soit au courant et éventuellement prendre un avocat, parce qu’un manipulateur est un expert de la rumeur et de la diffamation”, prévient Isabelle Nazare-Aga. Attention toutefois, nuance Christel Petitcolin, “mieux vaut choisir les bonnes personnes, celles qui feront preuve de compréhension”. Il est en effet parfois plus confortable de croire le pervers narcissique, expert quand il s’agit de convaincre de sa bonne foi.

5 – Se protéger juridiquement

Prendre un avocat, saisir l’inspection du travail, recourir à une médiation officielle… “Les pervers narcissiques peuvent aller très loin. Lorsque des enfants sont en jeu, lorsque l’on commence à craindre pour son intégrité physique, être accompagné par une personne dont c’est le métier est indispensable”, recommande Isabelle Nazare-Aga.

6 – Travailler sur l’affirmation de soi

Attention, “tout le monde est manipulable”, martèle Christel Petitcollin. Néanmoins, admet-elle, “il peut y avoir des prédispositions”. “Le fait de ne pas savoir poser les limites de sa propre gentillesse en est une sur laquelle on peut travailler.” Pour Isabelle Nazare-Aga, la volonté d’être aimé de tous et un certain perfectionnisme sont du pain béni pour les manipulateurs qui en jouent. D’où la nécessité, surtout si la situation se répète, d’apprendre à “s’affirmer dans le refus”.

7 – Fuir le pervers narcissique

“Moins on le voit, mieux on se porte”, tranche Isabelle Nazare-Aga. Même verdict pour Christel Petitcollin: “Il faut sauver sa peau, que cela soit dans un contexte professionnel, familial ou amoureux. La fuite dans ces cas-là n’est pas un aveu d’échec. On ne gagne pas contre ces gens-là, on s’épuise, on perd son assurance et sa confiance”. Une solution adoptée par Lucie. Maltraitée psychologiquement depuis des années par son père “qui n’a jamais reculé devant aucune humiliation pour ne pas perdre son emprise”, elle a finalement décidé de ne plus jamais le voir. “Ce n’est qu’à ce prix que j’ai réussi à remonter la pente. Aujourd’hui j’ai fait mon deuil et m’autorise enfin à être heureuse”.

(1) Divorcer d’un manipulateur, 2012, Editions-Tredaniel

(2):Les manipulateurs sont parmi nous (1997) et Les manipulateurs et l’amour (2000), éditions de l’Homme


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Pervers narcissiques: quand votre chef cache un tyran

Pervers narcissiques: quand votre chef cache un tyran

Par Stéphanie Benz publié le 

L’univers du travail est un redoutable terrain de chasse pour les “PN”, ces harceleurs passés maîtres dans l’art de manipuler et d’humilier. D’autant que les entreprises ont le plus grand mal à s’en débarrasser.


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C’est en surfant sur des forums consacrés au harcèlement que Salif a pu mettre des mots sur le calvaire qu’il a enduré pendant deux ans. “Mon ancien chef ressemblait trait pour trait aux pervers narcissiques que dépeignaient les internautes”, raconte cet informaticien de 26 ans. Un “boss de rêve”, qui offrait des cafés et n’était jamais avare de compliments. Un jour, pourtant, les critiques ont commencé à pleuvoir, insidieuses, jamais vraiment argumentées. Au fil des semaines, Salif a été de moins en moins convié aux réunions, jusqu’à ce que son nom finisse par disparaître complètement de la mailing list du service. Salif s’est retrouvé isolé, déboussolé… “Pendant un moment, mon chef est redevenu gentil, et puis ça a recommencé. Si je n’avais pas été muté, je serais au chômage, ou en dépression.”

La seule solution: fuir, quand c’est possible…

Face à un pervers narcissique, avocats, psys et médecins du travail ont un seul conseil : fuir. Sauver sa peau. Partir le plus vite possible. Quand c’est possible… “Avec le chômage de masse, une sorte de précarité virtuelle intégrée s’installe chez beaucoup de salariés, qui se sentent coincés”, constate Jean-Claude Delgènes, du cabinet Technologia, spécialisé dans la prévention des risques psychosociaux. Dommage, car le monde du travail est un terrain de chasse privilégié pour ces prédateurs modernes. Souvent flatteurs et beaux parleurs, dépourvus d’empathie et de tout sentiment de culpabilité, ils ont besoin pour s’épanouir d'”une relation d’emprise naturelle difficile à rompre”, selon le psychanalyste Jean-Claude Bouchoux. Si le phénomène est difficile à quantifier, le management à la française leur semble particulièrement favorable : “Dans les enquêtes internationales, nos entreprises sont parmi les plus mal notées pour la qualité des relations avec la hiérarchie ou la reconnaissance au travail. Ce peu d’attention prêté à “l’humain” crée un contexte idéal pour ces déviants”, souligne le psychiatre Patrick Légeron, fondateur du cabinet Stimulus.

Que faire, alors, face à un collègue, un subordonné ou un chef “manipulateur destructeur” présumé? “D’abord, tenter de désamorcer et, surtout, ne pas accuser à tort, répond la psychiatre Marie-France Hirigoyen, célèbre pour avoir popularisé les concepts de harcèlement moral et de pervers narcissique. Ces mots sont aujourd’hui galvaudés. Il ne faut pas confondre la perversion narcissique avec un comportement pervers défensif, induit par une organisation du travail pathogène”, ajoute la psy. Pour en avoir le coeur net, elle préconise un échange de bonne foi pour tenter de faire prendre conscience à l’autre du mal qu’il cause. Rien ne change ? Il ou elle rejette la faute sur vous ? Le danger est là, il faut se protéger.

Quand les critiques et les coups bas ont commencé à alterner avec les “bouquets de fleurs, les déjeuners entre “copines” et les confidences”, Joëlle, cadre sup dans l’assurance, en a tout de suite parlé à son mari : “Il m’a rappelé l’essentiel : à 55 ans, j’avais toujours donné satisfaction, donc le problème ne venait pas de moi.” Et quand sa supérieure hiérarchique, une coquette jeune femme en poste depuis un an, a essayé de la déstabiliser en racontant qu’une collègue de longue date se plaignait de son comportement, Joëlle a foncé voir celle-ci : “Elle est tombée des nues, bien entendu. Je résiste comme ça, en revenant à des faits objectifs, l’une des meilleures techniques pour contrer les manipulateurs, mais c’est usant. D’autres ici sont en arrêt maladie, sous antidépresseurs”, soupire-t-elle.

Ils repèrent les failles de leurs victimes et s’y engouffrent

Souvent, les victimes ont du mal à faire leur deuil de la relation toxique. “Quand quelqu’un commence par vous dire que vous êtes le meilleur, c’est agréable”, souligne Anne-Catherine Sabas, auteur de Triomphez des manipulateurs (éd. Bussière). Rémy, trader dans une grande banque, a été pris à ce piège. Il s’est suicidé. “Son chef l’invitait à dîner, ils sont même partis en vacances ensemble. Puis il s’est mis à l’humilier, à lui refuser des déplacements ou des congés, à l’installer à la place des stagiaires”, raconte l’avocat de sa famille, Me Michel Ledoux, qui se rappelle ces Post-it où la victime écrivait à son bourreau : “Pourquoi tu me traites comme un chien ? Quel besoin as-tu de me tirer dessus?”

La règle d’or, face à un “PN”: en dire le minimum, car ils repèrent les failles de leurs victimes et s’y engouffrent. “Un de mes patients, employé dans un grand établissement financier, a dit un jour à son supérieur qu’il ne supportait pas les parfums d’ambiance. Le lendemain, l’autre a vidé une bombe de désodorisant d’intérieur dans son bureau, en faisant passer ça pour une blague. Et tout était à l’avenant”, raconte le psychothérapeute Pascal Couderc. Dur, alors, de garder son calme.

Et pourtant… D’un naturel posé, Frédéric a su rester flegmatique face à un boss “capable de vous hurler dessus pour des broutilles, puis de dîner avec vous en déplacement comme si de rien n’était”. “Je savais que, si je répliquais, ce serait pire”, se souvient cet auditeur, qui avait une stratégie simple : éviter son chef. “On peut aussi faire de la contre-manipulation, s’entraîner à répondre par des phrases courtes, feindre l’indifférence”, insiste Isabelle Nazare-Aga, qui organise des séminaires sur l’art de faire face aux manipulateurs.

Les personnalités toxiques pèsent sur la productivité

Et, bien sûr, garder des traces écrites de tout – faire des mails, si possible avec plusieurs personnes en copie. Des documents précieux si la situation dégénère. “Malheureusement, entre aider quelqu’un en souffrance ou sacrifier un harceleur par ailleurs efficace au travail, certaines directions choisissent vite”, constate Patrick Légeron. Car les pervers narcissiques savent se mettre la hiérarchie dans la poche. “Certains deviennent indéboulonnables”, confirme Jean-Claude Delgènes, qui est intervenu dans un grand groupe de l’énergie, où un service d’audit connaissait un fort turnover. “Tout le monde connaissait le problème, mais le responsable du service était issu des Mines et protégé par son réseau. Il a juste été muté, et encore, cela a été compliqué”, se souvient-il.

Les entreprises, pourtant, devraient se méfier. Esprit d’équipe bousillé, démotivation, turnover, absentéisme : les personnalités toxiques pèsent sur la productivité. Quant au risque juridique, il tourne au casse-tête. “Un harceleur sanctionné sans preuves suffisantes peut se retourner contre son employeur. Ce qu’il fera d’autant plus qu’en bon narcisse il déteste l’humiliation. Et, en même temps, l’entreprise a une obligation de résultat en matière de santé au travail : en cas de harcèlement, elle sera toujours fautive”, explique Me Ledoux.

Manfred Kets de Vries, professeur à l’Insead, prône donc une solution radicale : “Eviter d’embaucher de futurs tyrans.” Pour cela, multiplier les entretiens, croiser les réponses du candidat, et débusquer ses incohérences. Et, pour ceux qui passeraient entre les mailles, instaurer une organisation du travail qui les empêche de nuire : dire que les plaintes seront prises en compte, et laisser la place à la critique. “Mais c’est difficile en France, ajoute ce Néerlandais. Chez vous, tous les pouvoirs sont concentrés et, dès l’école, l’esprit d’initiative est découragé au profit de l’obéissance.”


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Test : Reconnaître un pervers narcissique

Test : Reconnaître un pervers narcissique

Reconnaître, détectez un pervers narcissique grâce au test suivant. Si vous trouvez de 10 à 15 points de comparaison, vous avez affaire à un simple manipulateur. Au-delà de quinze similitudes, vous devez immédiatement agir pour sauver votre existence. FUYEZ ! Le pervers narcissique éprouve de la joie au spéctacle de votre déchéance associé au sentiment de domination morbide. L’erreur des victimes d’un manipulateur pervers narcissique est de rechercher l’existence d’un sentiment là où il n’en demeure malheureusement aucun. Véritables machines à broyer, on les reconnaît principalement dans des amours toxiques, mais ce sont également des amis, des collègues, votre propre famille.

Testez et comparez les 30 points ci-dessous avec les traits de caractère de la personne que vous soupçonnez d’être un manipulateur pervers narcissique.

Culpabilise sa victime en inversant les rôles

Susciter un sentiment de culpabilité chez sa victime est une manœuvre dans laquelle le pervers narcissique prend un véritable plaisir. En reportant sa responsabilité sur sa cible, il la pousse à admettre qu’elle seule est responsable d’une situation. Se défausser de ses torts est une spécialité du manipulateur.

Ne communique pas clairement, nie les évidences

Impossible de connaître avec exactitude ses demandes, ce dont il a besoin, ses sentiments comme ses opinions. Il fait en sorte que sa proie soit perpétuellement en train de chercher à le comprendre , c’est pour ce motif qu’il répond souvent de manière à entretenir l’ambiguïté.
• « T’as mal compris, j’ai pas dit les choses dans ce sens-là… »
• « J’ai pas fait ça dans ce but… »
• « Je l’ai pas dit pour toi… »

À chaque personne ou situation un comportement différent

Une personne normale use d’un mode de réaction relativement constant. Notre personnage, quant à lui, est constamment différent sur les sentiments affichés, ses comportements comme ses opinions. La victime n’arrive jamais à le situer dans la relation ni à savoir qui il est réellement. Il est insaisissable !

Il est armé de raisons logiques

Là où une demande aurait reçu le plus mauvais accueil avec un autre, les raisons logiques qu’il avance créent l’acceptation. Ainsi, souvent, sa cible se retrouve à accepter des choses qu’elle n’aurait jamais approuvées normalement. Les demandes sont déguisées par la logique implacable de son raisonnement. Marionnettiste à vos dépens, mais votre prise de conscience ne se fait qu’après coup !

Vous devez être parfait

La perfection n’est pas une option ! Il vous fait croire que vous ne devez absolument jamais changer d’avis et que vous devez répondre immédiatement aux questions qu’il pose. Ainsi vous devez tout savoir et réagir à ses demandes au quart de tour.

Critique et dévalorise

Sa critique est discrète mais intense, il dévalorise sous couvert de l’humour au début, puis émet des jugements sur vous. Il insinue le doute sur vos qualités, vos compétences et plus généralement votre personnalité. Avec lui la personne que vous croyez être aura peu à peu perdu toute importance. Vous devenez banal, inintéressant, voire extrêmement inférieur.

Fait passer ses messages par les autres

Place autrui en position de transmettre ses messages. Il en use principalement pour ne pas se dévaloriser en attaquant les autres car c’est vous qui l’aurez dit et non pas lui. Ainsi, il peut être le bourreau d’une personne tout en réconfortant de cette même victime dans le même tableau.

Divise pour mieux régner

D’une touche délicate, avec discrétion, il sème la zizanie tout en cultivant la suspicion. Son mode de fonctionnement est de diviser pour mieux régner. Il brise progressivement les amitiés et les groupes dans l’optique d’obtenir ce qu’il désire.

Il se positionne en victime

Auto-élu victime, le pervers narcissique se place dans cette position pour être la vedette. Ainsi, son entourage compatit, le plaint, le comprend dans ses épreuves. Il est celui vers qui l’on se tourne et, après tout, qui pourrait se méfier d’une victime ? Avec lui, il ne faut jamais hésiter à s’apitoyer sur son pauvre sort, il ne vous mangera que mieux, alors !

Ignore les demandes

Oui, il répondra toujours positivement aux demandes qui lui sont formulées. Cependant, il préférera ensuite s’esquiver poliment en prétextant toujours une raison valable.

Utilise les principes moraux des autres

Pour assouvir ses besoins, il utilise les principes moraux des autres tel un caméléon. Il peut intégrer totalement le mode de pensée d’un groupe et ses principes en faisant croire qu’il s’agit également des siens. Étant un être en réalité très faible, il n’a aucune personnalité et absorbe celle des autres !

Menaces cachées ou chantage ouvert

Il peut tout aussi bien user des menaces de manière déguisée que du chantage ouvert. Dans les deux cas sa cible doit se plier à ses exigences.

Change de sujet ou s’échappe

Au cours d’une conversation, il change totalement de sujet sans crier gare. Pour esquiver une question qui le mettrait mal à l’aise ou le mettrait à jour, il change de sujet comme s’il n’avait pas entendu la question. Déroutant, il peut également s’échapper en quittant la discussion ou la rencontre.

Mise sur l’ignorance des autres

L’ignorance des autres est une source favorable dans laquelle il puise inlassablement pour faire croire en sa supériorité. Il se sert de la crédulité des individus, de leur ignorance pour leur montrer qu’il est supérieur, et son besoin d’admiration est enfin reconnu. Il cherche souvent des personnes dans la détresse.

Il ment

Il ment souvent pour tout et rien, même pour des broutilles, s’inventera une vie et détestera par-dessus tout se faire démasquer. Il peut avoir des vies différentes avec plusieurs personnes en même temps. Ses mensonges sont souvent indécelables, car il va y ajouter une pointe de vécu pour les rendre crédibles assez longtemps.

Dit le faux pour connaître le vrai

Il prêche le faux pour savoir le vrai et cela s’applique à tous les domaines de sa vie. Cette stratégie a essentiellement pour but de lui faire savoir s’il peut faire confiance à la personne qu’il côtoie. Cela permet aussi de tester l’évolution de la prise de contrôle sur sa proie.

Il est égocentrique

Il rapporte tout à lui-même d’une façon très naturelle, sa nature égocentrique demeure profonde. C’est le plus beau, il est le meilleur, il veut être le gourou …

Il peut être jaloux

Le pervers narcissique peut être jaloux. Attention, toutefois, car ce n’est pas une jalousie sentimentale amoureuse, mais une traduction envieuse ! Il cherche par-dessus tout à le cacher, mais sa jalousie s’exprime à l’égard des capacités que vous avez et dont il ne dispose pas. Le PN vous côtoie en tant que sa chose et, en tant que femme, vous êtes son objet. Donc vous n’avez pas le droit de le supplanter, il est le meilleur.

Obsédé par l’image sociale

Il ne supporte pas d’être critiqué, car il ne veut et ne peut pas être perçu comme une personne mauvaise. L’image POSITIVE que les autres renvoient de lui est capitale, pour ne pas dire vitale même, car il lui est insupportable de paraître différemment.

S’énerve rarement

Le manipulateur s’énerve rarement, car la prise comme la conservation de son contrôle est à la base de son fonctionnement. Sauf dans le cas d’un pervers naturellement violent, un manipulateur orchestre une crise s’il juge utile de le faire, mais ce ne sera en rien une action spontanée pour lui.

Ne tient pas compte des autres

Vos droits, vos besoins comme vos désirs ne tiennent aucune place pour lui, bien qu’il fasse croire le contraire.

Paroles opposées à ses attitudes

Quand le discours est blanc, ses actions sont noires ! Les réactions du manipulateur sont à l’opposé de l’attitude correspondant au discours.

On parle de lui

Il fait constamment l’objet des conversations, même lorsqu’il n’est pas présent. C’est d’ailleurs une grosse source de satisfaction du manipulateur pervers narcissique.

Devient soudainement attentionné

Flatterie, sortie, petit cadeau, cette personne fait pour vous plaire et vous entoure de sollicitude de façon inattendue. Dans ce cas, il aura une demande à faire qu’il fera passer pour votre bien-être alors qu’il agira dans son propre intérêt. En faisant croire qu’il comble l’un de vos besoins ou par une action de gentillesse, il n’agit que dans son intérêt.

Provoque un sentiment de non-liberté

Provoque un sentiment de dépendance affective. Vous ne pouvez pas vous séparer de lui, même si vous savez qu’il est malsain de l’avoir comme relation.

Atteint ses objectifs aux dépens des autres

Il est d’une efficacité remarquable pour atteindre ses objectifs aux dépens des autres. Il sait parfaitement utiliser autrui pour obtenir ce qu’il veut. Il est le marionnettiste de son entourage.

Fait perdre vos repères

Avec lui, votre esprit devient confus, il retourne votre cerveau. L’expression « ne plus savoir où l’on habite » prend tout son sens avec lui. Le terme de « lavage de cerveau » est approprié, car il cherche à modeler l’autre en fonction de ses buts. Narcissisme exacerbé, il jouit d’observer à quel point il fait ce qu’il veut de sa petite souris.

Vampirise votre énergie

Lors de phases de dénigrement, de rabaissement, il vous vide de votre énergie. Ce n’est pas pour se ressourcer lui-même donc le terme « vampiriser » est mal employé, il s’agit d’un trou noir dans les faits. Le caractère injustifié de son attitude vide l’énergie de sa victime qui ne sait jamais comment agir avec le pervers.

Froideur émotionnelle

Sous l’apparence d’une personne aimante, il est pourtant dénué d’empathie. Il fait preuve d’une froideur émotionnelle incroyable, sauf si sa victime lui dit être mal par sa faute. Dans ce cas de figure, il fera tout pour prouver que NON.

Il vous fait du mal

Avec lui vous souffrez, vous êtes psychologiquement mal et ne savez pas comment agir avec lui. Cela peut même avoir des conséquences sur votre santé par une perte d’appétit, un sommeil difficile, de la déprime…

Attention ! Cette liste prend en compte des caractéristiques représentant un manipulateur et/ou un pervers narcissique moyen. La violence des tortures psychologiques peut être à des niveaux très élevés dans certains cas. Les points évoqués sont médians; cependant, même la plus petite perversion est déjà grave. Ces individus sont dangereux pour votre santé psychologique.

Reconnaitre les pervers narcissique blog de : http://www.perversnarcissique.com/test-pervers-narcissique/

Les pervers narcissique

On entend de plus en plus parler des pervers narcissique. Que ça soit dans votre vie amoureuse ou au travail les pervers narcissique font des dégâts. Cet article du nouvel observateur (janvier 2012) de Anne Crignon résume très bien ces personnalités destructrices. Le plus rapidement vous les identifier, le mieux vous pourrez vous en protéger. Pour ceux qui réalisent en lisant l’article q’ils ont déjà un voir deux pied dans les scénarios destructeurs des pervere narcissique peuvent faire appel à Jasmine Gage qui c’est depuis 2012 spécialisée en technique pour y échapper. La coach a élaborer aussi un processus de reconstruction de l’estime de soi pour les victimes de pervers narcissique.

Nouvel observateur  par  Anne Crignon    Publié le 15-03-2012 

Pervers narcissiques : enquête sur ces manipulateurs de l’amour

Le phénomène se répand au point que certains psys le qualifient de “mal du siècle”.

Melody. Belle comme Audrey Hepburn. Gaie, attentive aux autres. Elle s’est pendue à 28 ans. On l’a trouvée dans la cuisine de l’appartement où elle vivait avec un homme rencontré un an plus tôt. La conséquence d’une dépression, pour les parents. Les amis savent autre chose, un scénario à peine imaginable. C’est lui qui l’a poussée au suicide. Elle allait le quitter pour un autre, alors il lui répétait qu’elle était “un monstre” et qu’il allait se suicider à cause d’elle. Un huis clos insensé, de plus en plus accusateur, et Melody s’est pendue. Elle vivait avec un manipulateur pervers. Probablement ignorait-elle tout de cette déviance. Une innocence fatale.

Toute relation toxique, bien sûr, ne conduit pas au suicide, mais le risque est là. Une prise de conscience collective affleure. On met enfin un nom sur la violence perverse dans les rapports humains. “Perversion narcissique” : l’expression est entrée dans la conversation courante. Des livres sont en kiosque dans les gares, comme celui du psychanalyste Jean-Charles Bouchoux (“les Pervers narcissiques”, Eyrolles), deux fois réédité sous l’effet d’une demande croissante. Sur internet, le site SOS Pervers, ouvert en novembre dernier, reçoit plus de 1.500 visites par jour. Le savoir s’échange dans les forums de discussion.

Vampires affectifs

Taper “perversion narcissique” sur Google, c’est pénétrer un monde parallèle et funèbre. Des contributeurs sortis des griffes de leur tourmenteur viennent à la rescousse de novices déboussolés. Les initiés parlent de “PN”. L’un des sites les plus visités s’appelle Pervertus – il est sous-titré “blog d’intérêt public” – et commence ainsi : “Ils représentent 3% de la population [bien plus selon les spécialistes, ndlr] et détruisent 90% de leur entourage. Eux, ce sont les manipulateurs pervers ou vampires affectifs. Allez-y : levez les yeux au ciel, grimacez, soupirez. Parler des manipulateurs, c’est comme parler des petits hommes verts… On vous rit au nez[…]. Et pourtant ils sont bien réels.”

Le mal n’est pas nouveau mais en recrudescence express, selon Dominique Barbier, criminologue et expert psychiatre avignonnais, ami de Boris Cyrulnik, qui écrit un livre (à paraître cette année chez Odile Jacob) pour expliquer en quoi notre époque est une véritable “fabrique de pervers”. Le consumérisme frénétique et l’affaiblissement de la fonction paternelle entraînent une intolérance à la frustration de plus en plus répandue. Cette immaturité serait le terreau fertile de la prédation morale et d’un rapport à l’autre de plus en plus utilitaire. “C’est le mal du siècle. Ce que j’observe est effrayant, dit le criminologue. N’importe qui peut tomber sous la coupe d’unpervers.”

Relations toxiques

La perversion narcissique consiste à employer des moyens retors – en l’occurrence vampiriser et anémier son partenaire – pour combler une faille infiniment béante et un vide intérieur. Ce “vide vertigineux dans lequel tout affect semble avoir été éteint depuis l’enfance” dont parle Geneviève Reichert-Pagnard, psychiatre et victimologue, auteur en 2011 d’un ouvrage très fin sur “les Relations toxiques” (Ideo). Autant de femmes que d’hommes sont confrontés à la prédation morale au sein du couple. Ceux et celles, innombrables, qui ont ainsi subi une insidieuse altération de leur intégrité psychique racontent tous une semblable histoire.

Des débuts grandioses. Le manipulateur sent ce que l’autre attend. Il est caméléon le temps de ferrer sa proie. Dans ce piège amoureux, tout le monde tombe, car le temps de la séduction (phase 1) peut durer… des années. Le pervers sommeille avant exécution de ses noirs désirs : l’emprise (phase 2) et l’assujettissement (phase 3). Il va soumettre peu à peu son partenaire pour en prendre le contrôle. La bascule perverse advient à la faveur d’un événement qui scelle la dépendance, souvent l’arrivée d’un premier enfant. L’être exquis des débuts dévoile une dureté de ton qu’on ne lui soupçonnait pas et se révèle dans toute sa “dangereuse étrangeté”, selon l’expression du délicat Paul-Claude Racamier, psychanalyse, inventeur de la notion de perversion narcissique, qui en 1987 posa les bases de cette difformité morale (1).

Serial killer psychologique

Dans le secret de la vie de couple, le manipulateur ou la manipulatrice se comporte en serial killer psychologique. Il ne veut pas que l’autre ait confiance en soi, il fait vaciller cette flamme. C’est un extincteur de vie. La joie de l’autre s’éteint peu à peu. “C’est une folie très répandue, mais personne ne la voit”, dit François, qui a passé dix ans avec une prédatrice, rencontrée à l’issue de brillantes études d’ingénieur. Lui a dû déjouer bien des ruses au cours d’un divorce pénible. Car, malgré la loi de 2010 faisant du harcèlement psychologique dans le couple un délit, nombreux sont les magistrats et avocats qui ne savent pas reconnaître un manipulateur. Ils se font avoir, eux aussi, par la remarquable duplicité de ces comédiens-nés, leur angélisme apparent.

Impassible, jamais affecté par rien, même s’il prétend le contraire (seule la blessure d’orgueil le fait souffrir), le pervers narcissique fera passer pour déséquilibrée sa victime poussée à bout. Même les psys peuvent être bernés, car “le pervers offre à l’observateur l’air de la parfaite innocence”, observe Marie-France Hirigoyen, qui en 1998 a popularisé la notion de harcèlement moral (2).

La révélation peut survenir après dix ou vingt ans de vie commune. Le visage véritable d’un mari ou d’une femme apparaît brutalement. C’est le syndrome Dorian Gray. Une fois la prise de conscience advenue, le partenaire, qui ressent depuis longtemps un malaise diffus, relit l’histoire commune à la lumière de ce nouveau savoir, mais le départ est retardé par la nature complexe du lien, la relation d’emprise, qui est une véritable prise de pouvoir sur l’esprit de l’autre. Etre équilibré ne garantit qu’une chose : la rémission rapide, une fois le cauchemar terminé.

“Le détraqueur porte un masque”

Pour les plus fragiles, quelques années seront nécessaires pour dépasser un véritable choc post-traumatique (une victime dit être “marquée au fer rouge”), d’autant que la séparation ne met pas fin au harcèlement quand le couple a des enfants. Continuer de se défouler sur l’ex-partenaire permet à l’agresseur d’offrir, du moins momentanément, un doux visage à sa nouvelle proie. On observe de la part du pervers divorcé un abus de procédures judiciaires.

Ce “détraqueur” porte un masque. Il est sociable, adorable, fréquentable, admirable, car la crispation morbide envers une proie unique, une seule, suffit à écluser sa compulsion destructrice. Ce double visage lui permet d’entraîner quelques proches qui, de bonne foi, vont croire en sa version des faits lorsqu’il inversera les rôles pour expliquer que c’est lui la victime. “L’ignorance, c’est 50% du problème”,explique Isabelle Nazare-Aga, thérapeute cognitivo-comportementaliste, son énergique crinière blonde ondulant au rythme du feutre sur le tableau blanc.

Un séminaire démarre, ce samedi de novembre à l’aube, dans son appartement du 16e arrondissement parisien. Il y a là une dizaine de femmes et deux hommes. Une grande Danoise très amaigrie prend la parole. Son beau visage exprime la lassitude et le tourment. Elle n’arrive pas à quitter son mari qui, dans leur banlieue chic, se livre sur elle à un véritable tabassage moral. L’homme l’a coupée de tout, de ses amis, de sa famille. Elle est intelligente, sensible, perdue. On sent qu’elle pourrait tomber gravement malade.

Comment se défaire de l’emprise

Durant ces deux jours intenses, nul retour sur des traumas passés pour expliquer la tolérance à l’insupportable, mais un échange salvateur entre hommes et femmes à qui Isabelle Nazare-Aga expose précisément la nature de l’emprise perverse et la façon de s’en défaire. La jolie et lumineuse Vanessa, documentaliste, demeurée célibataire et sans enfants car elle n’a plus jamais pu “faire confiance à nouveau”, raconte : “A la maison, c’était humiliation sur humiliation. Il me disait : “Mets des chaussettes, tes pieds me dégoûtent”, m’appelait “ma gorette” en pinçant le peu de graisse que j’avais. Je coulais petit à petit. Physiquement, je disparaissais. Je ne pesais plus que 40 kilos, mais comment prouver cela ? Pas de témoin. Aux yeux de tous, c’était moi la désaxée.” Scénario type.

Affaibli par l’intense travail de culpabilisation mené par le manipulateur, incapable d’imaginer une malveillance qui lui est étrangère, le partenaire incrédule se dit avec indulgence que son mari ou sa femme, “c’est Dr Jekyll et Mr Hyde”, frôlant de près une vérité qui lui échappe encore. Aussi brillant soit-il, l’assujetti a du mal à y voir clair. Une “main basse sur l’esprit”, pour le psychanalyste Saverio Tomasella. Racamier parlait même d’un ” véritable détournement d’intelligence “.

Le pervers reproche à l’autre la zizanie que lui-même s’évertue à semer. Agnès, radieuse serveuse de bar au fond du Finistère, revenue pour sa part sans difficulté à la vie à l’issue de “ce combat perdu d’avance”, raconte : “On marchait dans la rue bras dessus, bras dessous ; tout allait bien. Trop bien pour lui, car, d’un seul coup, c’est comme s’il lui fallait impérieusement détruire et salir. Il me balançait une saloperie pour créer du confit et me le reprocher après.” Il lui aura fallu quatre ans pour comprendre.

Alternance de maltraitance et de tendresse

Pas si facile d’y voir clair en effet. Qui a la culture psychiatrique pour faire la différence entre le pervers “tout le temps dans le calcul, tel un joueur d’échecs préparant son attaque cinq coups à l’avance” (selon Dominique Barbier) et la femme ou le mari difficile à vivre, instable, pas très à l’écoute et on en passe, mais doté d’affection réelle et – surtout – d’une capacité de remise en question de soi ? Seuls les gens avertis.

Pour ceux-là, le pervers narcissique, construit sur un stéréotype somme toute sommaire, devient plus facile à repérer. Il manie le chaud et le froid dans une subtile alternance de maltraitance et de tendresse. Quand l’autre est à bout, il regagne sa confiance. Son manque d’empathie est central. Il observe la souffrance avec indifférence. Sa gamme de sentiments est pauvre, c’est comme s’il ne disposait que d’une octave sur son piano émotionnel.

Il faut un véritable savoir pour repérer cette froideur de cœur, car feindre d’avoir une sensibilité qu’il sait inexistante fait partie de son art. Il vampirise l’autre jusqu’à l’épuiser – l’expression “se faire bouffer” prend tout son sens. Il est intensément jaloux d’une vie intérieure qu’il n’a pas. C’est un insatisfait chronique qui ne supporte pas le bien-être de l’autre. Il ne tient aucunement compte des besoins de son partenaire. Très vite, la relation s’articule autour de ses seuls désirs, situation ainsi résumée par Agnès : “Il occupait 90% de l’espace entre nous.”

Ni remords ni culpabilité

Ni remords ni culpabilité. Il n’a jamais tort, ne demande pas pardon, sauf par stratégie. A travers chaque reproche infondé, calomnieux, adressé à sa victime, l’agresseur fait son autoportrait. Cela fera office d’aveu de ce qu’il est lui-même. Un aveu bien involontaire, car son système de relation repose sur le déni, qui est l’occultation d’une partie de la réalité. C’est d’ailleurs pourquoi son partenaire ressort de discussion (tentative de discussion, devrait- on dire) “avec le cerveau complètement embrouillé” – l’expression revient souvent dans les témoignages. “A devenir dingue, dit Paul, ancien journaliste du “Monde”. Avec une personne normale, quand il y a un désaccord, chacun donne ses arguments, il y a un échange. Là, tu n’as prise sur rien. Ca rend fou.”

Autre caractéristique majeure : sa façon de dénigrer, insidieusement. Avec des plaisanteries. Du sarcasme. Il rabaisse l’autre par petites touches. Ca n’a l’air de rien mais dans son flot de paroles passe un poison lent. “Je me sentais pire qu’une merde” ou “une sous-merde” : les témoignages sont récurrents là aussi. “Rien n’est plus ‘blessable’ qu’un narcissisme non pathologique attaqué par un narcissisme pervers”, écrivait Paul-Claude Racamier, qui proposa cette définition : “Le mouvement pervers narcissique est une façon organisée de se défendre de toutes douleurs et contradictions internes et de les expulser pour les faire couver ailleurs, tout en se survalorisant, tout cela aux dépens d’autrui et non seulement sans peine mais avec jouissance.”

Expulser en l’autre son propre chaos mental

Expulser en l’autre son propre chaos mental : cette acrobatie psychiatrique est “la” raison d’être de la perversion narcissique. Le pervers manœuvre inconsciemment pour transférer chez l’autre la psychose ou la dépression qu’il cherche à éviter.

On le reconnaîtra enfin à ce que, essentiellement préoccupé de lui-même, il est constamment dans la construction de son image. Cette obsession de paraître le mène souvent haut, dans les métiers de pouvoir et de représentation, où son bel habit social, sa brillance bien souvent, le hisse au-dessus de tout soupçon. “C’est parmi ces manipulateurs destructeurs qu’on trouve les plus grands imposteurs, mystificateurs et escrocs”, dit le docteur Geneviève Reichert-Pagnard. Savoir reconnaître un pervers narcissique, c’est repérer ceux qui passent au fil de l’actualité politique, intellectuelle, artistique.

Pas de thérapie possible

Espérer un amendement, voire une guérison est généralement illusoire. “Ca n’est pas une maladie, ça ne se soigne pas. Il n’y a pas de médicament, pas de thérapie possible, dit Dominique Barbier, l’expert avignonnais. Ces gens ne sont pas demandeurs et ne consultent pas, sauf par calcul, pour donner de faux signes de bonne volonté. La problématique relève de la justice et de la police, en aucun cas de la médecine. Ce sont des salopards qui ne changeront jamais.” Il n’est pas le seul thérapeute à en perdre la réserve d’usage.

Nulle mention de ce profil dans le DSM-IV, manuel de classification internationale des troubles mentaux. La notion se cherche. Pour certains, il ne faut pas craindre de parler de véritable déviance morale et de poser la question du mal, comme le fit Scott Peck, psychiatre américain. Pour d’autres, c’est une psychose sans symptômes apparents, avec une dimension paranoïaque, ou “psychose blanche”, une maladie incurable. On pourrait classer le manipulateur sur une échelle de 1 à 10 selon la toxicité.

Du tyran domestique au sadique

Niveau 3, le tyran domestique, réfugié dans le déni, qui, pour ne pas sombrer, blesse l’autre involontairement ; niveau 8, le sadique qui se défoule en jouissant de la douleur morale qu’il inflige sciemment. Quoi qu’il en soit, même un “petit” PN fait de considérables dégâts. On ne gagne jamais face à lui. On ne peut que s’en aller.

Et c’est ainsi que la perversion narcissique laisse un nombre grandissant d’hommes et de femmes dans un état de sidération, une fois achevée cette leçon de ténèbres. Après inventaire du désastre, on comprend qu’à l’occasion d’une discussion sur internet où des femmes s’interrogeaient sur la rémission possible de “leur” PN, un thérapeute ait déposé cet avertissement :”Je suis psychiatre. Mais jamais je ne croiserai le fer avec un pervers narcissique.”

(1) ” Le Génie des origines. psychanalyse et psychoses “, Payot, 1992.

(2) ” Le harcèlement moral”, La Découverte / Syros, 1998.

(Article publié dans “le Nouvel Observateur” du 19 janvier 2012)